INTRODUCTION

         Valet de Dom Juan jour et nuit : ses traits de caractère sont liés à cette fonction qui le définit.

I- LA DEPENDANCE AU MAITRE

  1. La dépendance économique.

       Acte I, sc. 2: Sganarelle n’ose pas dire à son maître que c’est de lui  qu'il parle : "si j'avais un maître comme cela, je lui dirais fort nettement, le regardant en face...“

       Acte II, sc. 4 : il interrompt sa dénonciation dès que le maître réapparaît, quel qu’en soient les conséquences pour les deux paysannes.

       Acte II, sc. 5 : il ne peut, malgré le risque encouru, refuser le déguisement, et se réfugie dans la protection divine : « 0 Ciel, puisqu’il n'agit de mort, fais-moi  la grâce de n’être point pris pour un autre ».

       Acte IV, sc. 5 : prenant peur des réactions de son maître, Sganarelle renonce à lui exprimer une révolte pourtant bien légitime, ce qui lui fait d'ailleurs dire en aparté :

"Ô complaisance maudite ! A quoi me réduis tu ?" Lui-même conclut le premier acte de la façon suivante : " Ah! Quel abominable maître me vois -je obligé de servir !”, ce qui résume bien sa dépendance économique.

          Cette dépendance fait de lui nécessairement un lâche puisqu'il ne peut pas se permettre de perdre sa place.

Transition : mais après tout il pourrait aller chercher un autre maître, dans une situation aussi grave ; pourquoi n’en fait-il rien ?

  1. La dépendance psychique.

  • En bon chrétien, Sganarelle garde le désir de convertir son maître.

       Acte III, sc.1 : "Voilà    un homme que j’aurai bien de la peine à convertir" : il est émoustillé par le désir de réaliser un acte précieux pour un chrétien.

  • Il est subjugué par les capacités de son maître : dans un sens, il l’admire et s’identifie à lui.                                                                                        "vertu de ma vie, comme vous débitez ! Il semble que vous ayez appris cela par cœur et vous parlez tout comme un livre" (Acte I, sc.2)
  • Il cherche en fait à sortir de sa classe sociale en se frottant à la noblesse et à la culture de son maître. 

      Le "nous" de la première scène. Dès ses premiers mots,  il fait référence à la culture de son maître : « Quoi que puisse dire Aristote et toute la  Philosophie... »

  • Son attitude condescendante envers Gusman (Acte I, sc. 1.)

Transition : mais il vit une sorte de conflit intérieur, car :

II- SGANARELLE RESTE FONCIEREMENT UN HOMME DU PEUPLE

  • Dans son langage. 

    Acte I, sc. 1 : “A vue de pays, je connais à peu près le train des choses ”.

    Acte III, sc. 1 : « N’a-t-il pas fallu que votre père ait engrossé votre mère pour vous faire ? (...) ce poumon, ce cœur, ce foie, et tous ces autres ingrédients qui sont là ...” .

  • Dans son incapacité à soutenir un raisonnement phi­losophique (manque de formation culturelle).

           Acte III, fin de la scène 1 : Don Juan : "voilà ton raisonnement qui a le nez cassé".

           Acte V, fin de la scène 2 : Don Juan :  "Ô beau raisonnement !"

  • Dans ses superstitions religieuses et sa croyance sim­pliste.

          Acte III, sc. 1 : « il n’y a rien de plus vrai que le Moine Bourru, et je me ferais pendre pour celui-là ».

  • De ce fait, il lui arrive de se placer du côté du peuple malgré sa lâcheté.

    Acte II, sc. 3et 4 : Sganarelle essaie de prendre le parti de Pierrot, puis de Charlotte et Mathurine.

III- ET IL N'EST PAS TOUJOURS LE VAINCU

  1. Dom Juan a besoin de lui.

    - Pour avoir son public et  pour se sentir fort 

        Exemples: 

       Acte I,   sc. 2 : Dom Juan éprouve le besoin de parler à Sganarelle de lui-même et de ses exploits.

       Acte V, sc. 2 : Dom Juan éprouve un malin plaisir à dévoiler à Sganarelle l’étendue de son hypocrisie.

       Acte IV, sc. 8 : “oui, j’irai, accompagné du seul Sganarelle". 

  1. Sganarelle marque des points.

    Exemples:

     Acte I, sc. 3 : face à Dona Elvire, il finit par obliger Dom Juan à se mettre en avant, il n’obéit qu’en apparence.

     Acte III, début : il en est de même ; Sganarelle a réussi à remplacer par un déguisement plus avantageux et moins dangereux celui que le maître voulait lin imposer.

  2. Sganarelle peut apparaître comme sympathique au spectateur.

CONCLUSION

Importance du personnage joué par Molière lui-même.