La parole: sujets de dissertation (citations brèves)

« La parole n’est autre chose qu’une voix, par laquelle on signifie ce qu’on pense » (Géraud de Cordemoy, Discours physique de la parole (1668), Bibliothèque du Graphe, 1966, p. 52).

«  En parlant, nous effectuons d’une manière continue une activité d’opinion, activité interne, se fusionnant avec les mots, leur donnant pour ainsi dire une Âme» (Edmund Husserl, Logique formelle et logique transcendantale (1929), PUF, 2009, p. 33). 

« La parole est un véritable geste et elle contient son sens comme le geste contient le sien. C’est ce qui rend possible la communication » (Maurice Merleau-Ponty, Phénoménologie de la perception (1945), Gallimard, 1966, p. 214). 

« La parole est un geste et sa signification un monde » (Maurice Merleau-Ponty, Phénoménologie de la perception (1945), Gallimard, 1966, p. 214).

« La parole est un certain moment de l’action et ne se comprend pas en dehors d’elle (Jean-Paul Sartre, Qu’est-ce que la littérature ? (1948), Gallimard, 1976, p 27). 

« La parole de la propagande tire ses effets psychologiques à la manière dont la machine tire une forme efficace d’une pièce travaillée » (Paul Ricœur, Histoire et vérité, «Travail et parole » (1953), Points Essais, 2001, p. 248).

« Quand il n’est pas au pouvoir, le politique, comme le prédicateur, n’a que la redoutable efficacité de la parole » (Paul Ricœur, Histoire et vérité, « Travail et parole» (1953), Points Essais, 2001, p. 261).

« L’acte de la parole exprime que l’homme cesse d’adhérer immédiatement au milieu, l’élève à la condition de spectacle et en prend possession mentalement par la connaissance proprement dite. » (Maurice Merleau-ponty, La structure du comportement [1942], PUF, 1963, p.188).

« Parler, c’est agir : toute chose qu’on nomme n’est déjà plus tout à fait la même, elle a perdu son innocence. » (J.P. Sartre, Qu’est-ce que la littérature ? [1948], Gallimard, 1976, p.29).

« Par la parole, l’absence fait intrusion dans la présence, l’intemporel dans le temporel, l’irréel dans le réel, le surnaturel dans la nature. » (Nicolas Grimaldi, Le désir et le temps [1971], Vrin, 1992, p.426) 

« Garde-toi de t’ériger en censeur des paroles, ce qui te ferait passer pour un grammairien ; ni en contrôleur des raisons, car chacun te fuirait. Parler à propos est plus nécessaire que parler éloquemment » (Baltasar Gracian, L’Homme de cour (1647), CXLVIII, Éditions Ivrea, 2005, p. 91).

Dissertation sur la parole (citations longues)

« Le langage est la suprême puissance chez les hommes. — Adam, dit-on, donna leur nom à toutes choses (aux animaux). Le langage est la disparition du monde sensible en son immédiate présence, la suppression de ce monde, dès lors transformé en une présence qui est un appel apte à éveiller un écho chez toute essence capable de représentation » (Georg Wilhelm Friedrich Hegel, Propédeutique philosophique (1808-1811), Gonthier Médiations, 1964, P. 164).

«Avec des mots, un homme peut rendre son semblable heureux ou le pousser au désespoir, et c’est à l’aide de mots que le maître transmet son savoir à ses élèves, qu’un auditeur entraîne ses auditeurs et détermine leurs jugements et décisions. Les mots provoquent des émotions et constituent pour les hommes le moyen général de s’influencer réciproquement » (Sigmund Freud, Introduction à la psychanalyse [1916], Payot, 1965, p.7-8).

“C’est quand les mots nous manquent, comme quelqu’un, que la parole, comme l’amour, nous vient. Elle cesse alors d’être plaintive, revendiquante, persécutée, elle ne proclame plus ce qui lui fait défaut, elle y trouve sa ressource infinie » (Jean-Bertrand Pontalis, Perdre de vue, «  Mélancolie du langage” (1984), Gallimard, 1988, p. 196).

« Comment le tyran — inverse du philosophe — est-il possible? Cette question touche au vif de la philosophie, parce que la tyrannie n’est pas possible sans une falsification de la parole, c’est-à-dire de ce pouvoir, humain par excellence, de dire les choses et de communiquer avec les hommes. Toute l’argumentation de Platon dans le Gorgias repose sur cette conjonction entre la perversion de la philosophie que représente la sophistique et la perversion de la politique que représente la tyrannie » (Paul Ricreur, Histoire et vérité, « Le paradoxe politique » (1957), Points Essais, 2001, p. 305).