Structure des programmes

Les programmes de “français-philosophie” sont généralement bien acceptés dans leur conception et dans leur  structure actuelle, tant par les professeurs enseignant en CPGE que par les élèves de ces classes. Il faut rappeler en effet que le programme,  s’organisait de 1971 à 1989 autour de quatre thèmes illustrés chacun par une œuvre. Le programme se renouvelant par moitié chaque année, les élèves, de fait, étudiaient deux thèmes et deux œuvres en première année, deux thèmes et deux œuvres en seconde année.

C’est depuis l’année scolaire 1989-1990 que le programme s’organise autour de deux thèmes seulement, illustrés chacun par trois œuvres, à la satisfaction, on peut le dire, à peu près générale. Le programme se renouvelant toujours par moitié, les élèves étudient, de fait, un thème et trois œuvres en première année, un thème et trois œuvres en seconde année.

L’avantage de cette réforme, outre qu’elle maintient le principe du renouvellement par moitié du programme chaque année, est double : simplification, mais non pas allègement, du programme, avec l’étude d’un seul nouveau thème par an ; diversification et enrichissement des lectures et de la culture des élèves avec au total six œuvres, et non plus quatre, lues et étudiées en deux ans.

Les thèmes

Les thèmes proposés ces dernières années, de formulation souvent  plus philosophique que littéraire( les énigmes du moi, l’argent, penser l’histoire, le mal, la justice, la parole), ont dans l’ensemble paru judicieux et motivants, tant pour  les élèves que bien sûr pour leurs professeurs il En général, on propose  chaque année - comme cela a presque toujours été le cas dans le passé - un thème qui tient  compte de l’extrême diversité de niveau, de culture littéraire et philosophique et de motivation des élèves des CPGE scientifiques et susceptible, par sa généralité, sa netteté et ses enjeux humains,  de les intéresser tous.

Les œuvres

En ce qui concerne le choix des œuvres inscrites au programme , on respecte généralement un équilibre entre les œuvres françaises et étrangères puisque ces ouvertures variées sur des littératures étrangères antiques ou modernes sont une source d’enrichissement personnel.  Ce principe d’un programme unique de “français-philosophie” pour les élèves aux profils si différents les uns des autres des CPGE scientifiques n’est remis en cause par personne.

 Le nombre des œuvres  illustrant chaque thème, sans être à proprement parler en débat, est contesté par quelques-uns, professeurs et élèves. Certains, peu nombreux à vrai dire, souhaiteraient deux œuvres par thème plutôt que trois, avec au besoin un groupement de textes à la place de la troisième œuvre supprimée. Presque tous souhaitent le maintien du système actuel en première année (1 thème/3 œuvres) ; c’est à propos surtout de la deuxième année, et compte tenu de la date des concours, que les avis sont plus partagés.

Autre point de désaccord parfois entre les professeurs : certains aimeraient que les trois œuvres, certes de genres littéraires différents, fussent à peu près contemporaines, tandis que la plupart restent attachés, par souci de multiplier les ouvertures culturelles de leurs élèves, à l’actuelle fréquente dispersion des œuvres dans le temps et dans l’espace.

Des programmes de première année, et de deuxième année?

Il y a un dernier point, le plus important peut-être, sur lequel les avis des professeurs sont partagés comme une “loi non écrite” veut que les sujets proposés à l’écrit des concours portent tous ou presque sur le thème et les œuvres inscrits au programme l’année même de préparation du concours et non pas sur ceux qui y étaient déjà inscrits l’année précédente, ne convient-il pas de mettre le droit en accord avec le fait et d’établir une distinction entre un programme de première année et un programme de seconde année (comme c’est après tout le cas pour le programme de culture générale des CPGE économiques et commerciales) ? A vrai dire, cette question ne préoccupe guère les élèves (sauf exception) et la plupart des professeurs sont favorables, pour la motivation même de leurs élèves en première année, au maintien du statu quo. Mais il n’est pas douteux que la, brièveté d’une seconde année, qui s’achève au début du printemps, et la lourdeur des programmes interdisent pendant l’année du concours des révisions sérieuses du thème et des œuvres étudiés l’année précédente.

Les exercices pratiqués

Le résumé de texte

Les exercices pratiqués dans les classes et proposés aux élèves sont évidemment fonction des épreuves, écrites et orales, des différents concours. La difficulté pour les professeurs et pour les élèves tient à la diversité des concours et souvent des épreuves des différents concours (civils et militaires). L’exercice de résumé est considéré par tous, élèves et professeurs, comme un bon exercice, difficile, formateur, discriminant. Personne, nulle part, ne le met en cause. Mais depuis la réforme de I’EAF, les élèves sont entraînés de façon beaucoup moins systématique au résumé en classes de seconde et de première ; les professeurs de CPGE ont conscience que le défi du résumé risque d’être plus difficile à relever dans les années à venir, certains s’en inquiètent.

Le support de l’exercice même du résumé peut, d’autre part, différer d’un concours à l’autre : certaines banques d’épreuves ont opté depuis longtemps pour des textes en rapport avec le thème de l’année, d’autres continuent à proposer aux candidats, pour l’exercice de résumé, des textes hors programme. Il est évident aux yeux des professeurs comme des élèves, que l’enseignement dans ces classes gagne en efficacité et en cohérence lorsque les supports des exercices de résumé sont en rapport avec le programme.

Autre difficulté : la durée de l’épreuve même du résumé est variable d’un concours à l’autre, elle est le plus souvent de 2 heures, il arrive aussi qu’elle soit de 3 heures, ce qui ne facilite pas le travail des professeurs enseignant dans les classes préparant à ces différents concours ; une gestion rigoureuse du temps de l’épreuve est en effet un objectif essentiel de cet enseignement. Il arrive même, par exemple aux concours communs polytechniques (épreuve commune des filières MP-PC-PSI-TPC) que le résumé de texte, soit précédé (ou plutôt suivi) de plusieurs questions portant sur le texte.

 L’École navale reste fidèle à l’excellent exercice de synthèse. Les dossiers proposés aux candidats regroupent des textes sans rapport avec les thèmes figurant au programme. C’est une difficulté supplémentaire pour les professeurs dont quelques élèves se préparent au concours d’admission à l’école navale en même temps  qu’aux autres concours préparés par la plupart de leurs élèves.

La dissertation

La dissertation (que certaines écoles appellent composition française, ou essai) est un exercice codifié, et les attentes des jurys sont claires dans l’esprit de tous. La durée de l’épreuve varie d’un concours à l’autre, ce qui ne représente pas une difficulté véritable pour les professeurs et pour leurs élèves. La tradition de certains jurys est de proposer aux candidats un sujet portant sur le thème du programme de l’année, charge aux candidats d’illustrer leur propos en s’appuyant sur les trois œuvres figurant au programme ; d’autres jurys proposent traditionnellement un sujet portant sur l’une des trois œuvres inscrites au programme : c’est notamment le cas du jury du concours des écoles nationales vétérinaires, qui obtient peut-être ainsi des candidats un travail plus fouillé et approfondi. Mais on peut dire qu’actuellement tous, élèves et professeurs, s’accommodent fort bien de cette diversité.

En revanche, professeurs et élèves sont nombreux, pour ne pas dire unanimes, à contester les limitations de longueur imposées à l’exercice de dissertation par certains jurys. Cette contrainte, d’une part, leur semble inutile, car elle fait double emploi avec la contrainte du nombre de mots imposée pour l’exercice de résumé ; d’autre part, elle leur semble arbitraire, car chacun sait que 80 lignes (concours communs polytechniques) ou 90 lignes (concours commun des écoles des mines d’Albi, Alès, Douai, Nantes) peuvent compter un nombre de signes extrêmement variable d’un candidat à l’autre selon l’écriture de chacun ; elle leur paraît enfin paralysante et anti pédagogique les candidats souhaitent pouvoir donner le meilleur d’eux-mêmes sans être obligés, par un souci excessif de concision, de se contenter tous des mêmes développements schématiques préparés à l’avance et justement calibrés et de s’appuyer tous sur les mêmes exemples. “Après tout, si certains, sans digressions ni dérives, sont capables d’écrire davantage, ont un certain sens du développement et peuvent nourrir leur réflexion d’une connaissance plus personnelle et approfondie des œuvres, pourquoi les en empêcher ?“ : tel est le propos partout entendu dans les classes. II ne faut pas se le dissimuler : les candidats à ces concours, et leurs professeurs, considèrent cette limitation rigoureuse du nombre de lignes comme l’expression d’un doute jeté sur leurs capacités et il y a là, pour eux, un élément de démotivation.