Résumé de La Peau de chagrin de Balzac

Première partie: « Le talisman » 

à la fin du mois d’octobre 1830, un jeune homme pauvre et orphelin d’environ vingt-cinq ans, le marquis Raphaël de Valentin, perd au jeu sa dernière pièce d’or et décide de se suicider. Entré dans un magasin d’antiquités pour attendre le soir, il accepte du curieux marchand une peau de chagrin sus­ceptible de satisfaire tous ses désirs, mais qui se rétrécira lors de chaque réalisation en abrégeant sa vie dont elle figure la repré­sentation. Raphaël accepte et rencontre dans la rue trois camara­des qui l’entraînent au dîner donné par le banquier Taillefer à la gloire d’un journal à la solde du gouvernement. Après le repas mirifique, Raphaël est pressé par son ami Émile Blondet d’expo­ser les raisons qui lui ont fait envisager le suicide.

Deuxième partie : « La femme sans cœur » 

Raphaël fait lui-même le récit de son existence : une sensibilité exacerbée, conjuguée à une confiance dans sa destinée et ses facultés, l’a conduit à louer quatre ans auparavant une chambre miteuse dans un petit hôtel, afin de mener à bien sa grande œuvre, une « théorie de la volonté » ; il s’est peu à peu lié à son hôtesse Mme Gaudin et à sa fille Pauline. Trois ans plus tard, il a fait la connaissance de Rastignac, adepte de la vie de plaisirs, qui lui a présenté Fœdora, une riche veuve à marier. Cependant, ayant été trompé et rejeté par cette femme distante et rusée, Raphaël s’est adonné à une vie de débauche qui l’a irrémédiablement conduit à la misère ; mais alors qu’il souhaite ardemment la fortune, celle-ci lui arrive dès le lendemain par le biais de l’héritage d’un oncle. La peau cependant a rétréci.

Troisième partie : « L’agonie » 

Raphaël retrouve Pauline devenue riche ; les deux jeunes gens s’avouent leur amour et filent quelque temps le parfait bonheur. Toutefois, la peau qui se réduit de plus en plus a bientôt raison de leur bonheur ; malgré les efforts de Raphaël, elle résiste à tous les traitements administrés par les scientifiques appelés à la rescousse. Malade, celui-ci se réfugie à Aix où il prend les eaux, puis au Mont d’Or où il mène une vie sombre et retirée. Son état empirant, il revient en hâte à Paris ; la peau se trouve alors réduite à l’extrême et Raphaël expire lors d’un der­nier désir pour Pauline.

Analyse des thèmes principaux de La Peau de chagrin

Entre fantastique et philosophie

La Peau de chagrin constitue dans l’itinéraire du jeune Balzac un premier point d’aboutissement conjuguant la veine fantastique des nouvelles aux textes à teneur philosophique qui l’occupent durant les années précédant la rédaction du roman. De fait, l'invention centrale du talisman atteste une lecture assidue d’Hoffmann qui valut au roman un énorme succès ; mais Balzac classera plus tard celui-ci dans ses Etudes philosophiques, manifestant par là que le fantastique fonctionnait plutôt pour lui comme un arrière-plan nécessaire à la thèse qu’il entendait développer, et qu’il énoncera ainsi dans l’Avant-propos à La Comédie humaine :

« La vie elle-même est peinte aux prises avec le Désir, principe de toute Passion ».

Il conférait de la sorte à son texte une valeur excédant le simple conte pour faire signe vers une visée plus large, combinant réel et imaginaire pour peindre en fait la situation de tout homme.

À ce titre, la description de la maison de jeu du départ montrait comment la plus sordide réalité pouvait se charger d’un aspect fantastique, transformant une simple maison douteuse en véri­table arène sanglante.

 Un thème principal :  désir et consommation de l'énergie vitale 

Balzac jette en fait ici les fondements de sa fameuse théorie de l’énergie, en énonçant la consommation de l’énergie vitale comme un de ses thèmes essentiels : par ses désirs, l’homme existe mais, dans le même temps, il enclenche un mouvement qui le pousse vers son irrémédiable déchéance, c’est-à-dire que le désir constitue tout à la fois la passion vitale et morbide de tout individu. Dès lors, à l’instar de son héros, Balzac écrit lui aussi une sorte de théorie de la volonté, dans laquelle s’affrontent le destin et la volonté de l’individu, pour lequel la prospérité matérielle semble signer l’ar­rêt de mort. Il convient toutefois de se garder de conclure à une toute-puissance du destin que Balzac mettrait au jour dans son roman : en effet, la peau n’est dotée d’aucun pouvoir en soi mais l’acquiert seulement par le libre arbitre de celui qui la possède, et qui collabore donc seul à son destin par l’outrecuidance de ses désirs. Pas de tragédie, donc, mais bien plutôt un drame, celui de la condition humaine tiraillée entre une vie étincelante qui épuise l’énergie du sujet et une autre, plus terne, mais aussi plus longue et moins passionnelle.

Face à cette alternative, le roman ne semble pas véritablement se déterminer, même si l’homme paraît se confondre avec le désir qui le fait exister, peut-être précisément par le risque qu’il implique. L’unique élément de réponse affleure sans doute dans l’opposition marquée entre Fœdora et Pauline : la première, emblématique d’une société gouvernée par l’égoïsme et l’argent, représente le négatif de l’autre, qui inspire un pur amour (la peau ne se réduit pas lorsque Raphaël en tombe amoureux) et indique que la seule morale certaine du roman est certes celle de la pré­gnance du désir, mais surtout qu’il importe qu’il s’agisse d’un désir authentique.

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