CONTES DU CHAT PERCHÉ  est un recueil de contes de Marcel Aymé (1902-1967), publié à Paris chez Gallimard en 1939.

Résumé 

Delphine et Marinette vivent à la campagne, dans une ferme où les animaux parlent. Bien d’autres merveilles se produisent encore: en se passant la patte sous l’oreille, le chat fait pleuvoir au grand dam des parents cultivateurs! Par suggestion, les animaux prennent la forme des dessins des petites, une poule se transforme en éléphant et les fillettes se métamorphosent, au gré de leurs rêves, en cheval et en âne. Les animaux comptent tous les arbres de la commune pour résoudre un problème de calcul. Lorsque les petites tentent d’instruire le bœuf, il ne lui reste plus qu’à se produire dans un cirque. Le merveilleux a cependant des limites: un cochon ne peut devenir aussi beau qu’un paon, ni un loup s’amender totalement, ni non plus les volailles échapper à la marmite. Si certaines bêtes se trouvent affectées de défauts tout humains, d’autres méritent l’aide des petites filles, comme le cochon sauvé du saloir grâce aux ailes qui lui ont permis de s’envoler. 

Analyse des Contes du chat perché

Marcel Aymé exploite ici les genres du conte merveilleux réaliste et de la fable. Il plante, en effet, le décor de ses récits à la campagne et il évoque les aventures de deux fillettes souvent désobéissantes mais toujours charitables. Selon les règles du merveilleux, les bêtes parlent et nul ne songe à leur contester cette faculté. Dès lors, la frontière se fait fragile entre le monde animal et celui des hommes: suivant les procédés de la fable, tantôt les bêtes expriment une sagesse supérieure, tantôt elles incarnent un défaut propre à l’espèce humaine. Le monde des adultes est représenté par les parents, individus réalistes et âpres au gain. Évoqués sous le regard des petites, ils se trouvent souvent assimilés à des ogres: en effet, la ferme s’impose comme une micro-société dont le destin s’achemine vers sa fin, la table des maîtres. Comme dans la fable, chaque texte recèle une morale qui dénonce des relations de pouvoir illégitimes, mais données comme irréversibles. Ainsi, le chien devient aveugle à la place de son maître qui l’abandonne aussitôt; recouvrant la vue, il retourne vers son maître de nouveau atteint par la cécité («le Chien»).

Les Contes du chat perché ne présentent pourtant guère d’analogies avec l’allégorie développée par Orwell dans la Ferme des animaux. Les textes de Marcel Aymé ne reposent pas sur une critique subversive de la société ni ne témoignent de la résurgence des fantasmes à l’œuvre dans les contes de fées. Toujours énoncée au détriment des parents, la morale des textes engage plutôt à se défaire de ses préjugés. Rédigés dans un style limpide, ces récits mettent en place un univers enfantin, dominé par l’animisme et par la constante plasticité des êtres. Le principe de la métamorphose repose sur la disparition de toute opposition entre la réalité et sa représentation: en regardant un éléphant sur un album, la poule se transforme en pachyderme! Ainsi franchit-on la limite entre l’imaginaire et le réel.

 V. ANGLARD